M le magazine du Monde | • Mis à jour le | Par Lucien Jedwab
Certains noms propres devenus communs perdent leurs majuscules, d'autres refusent d'être banalisés.
Interpellé sur son scooter avec... une kalachnikov » (Le Parisien). « [Hollande] : un capitaine de pédalo incapable d'affronter les tempêtes » (le Parti de gauche, en 2012). « Qui va sauver le camembert ? » (Le Point). Qu'y a-t-il de commun entre ces titres piochés sur la Toile ? Vous ne voyez pas ? Ils comportent trois noms : kalachnikov, pédalo, camembert dérivés de noms propres et d'une marque depose.
La règle typographique s'y applique : ces noms propres devenus communs ont perdu leur majuscule, gagnant (mais ce n'est pas toujours le cas, ce serait trop simple — et moi, je serais au chômage) un « s » au pluriel. Une kalachnikov, des kalachnikovs — dans les cités, on dit « kalach », ça ne m'avait pas échappé.
Ainsi, un vin de Bourgogne/un aloxe-corton-charlemagne. Une eau-de-vie du Gers/un armagnac. Un cigare de Saint-Domingue/un... havane. (On commence à être bien, là...) Mais un pédalo ? A l'origine, une marque déposée. S'écrivant Pédalo, donc. Mais « déchue » par décision de justice fin 2014. Amputée de sa majuscule initiale. Comme « texto », que la Société française du radiotéléphone a tenté de deposer.
D'autres marques veillent jalousement sur cette majuscule, demandant même qu'on fasse suivre leur nom d'un TM, voire d'un ®. (Et pourquoi pas un surlignage fluorescent ou un lien renvoyant à un site de vente ?) Elles refusent d'être ba-na-li-sées. On s'épargnera lettre recommandée, avis d'huissier, procès, réquisition, plaidoirie, condamnation et scellés sur les rotatives en évitant des proximités infamantes. Un jeune Gitan aura été retrouvé à moitié mort dans un « chariot de supermarché » — pas dans un Caddie. Des écoliers dont l'école a brûlé ont classe dans des « préfabriqués » — pas dans des Algeco. Soit.
Mais alors, Nicolas Sarkozy et son fameux : « On va nettoyer au Kärcher la cité » ? Et Arnaud Montebourg et ses « Meccano industriels » ? Une immunité... diplomatique ?
- Lucien Jedwab
Journaliste au Monde
1 commentaire:
bonjour Thierry je suis sur Toulon dans le var un ami a moi qui est aller chez Hector luis prieto diaz ma rapporté de ses cigares avec sa carte je n arrive pas a le joindre comment tu pourrai m aider merci
mon mail antoine-molero@orange .fr
Enregistrer un commentaire