L’Orval est une bière trappiste belge de robe ambrée, qui titre à 6,2% vol. Créée en 1932, elle est produite par l’abbaye Notre-Dame d’Orval, dans le sud-est de la Belgique :
La bière Orval, c’est tout un mythe. Elle fascine de nombreux amateurs par son goût inégalé, par sa bouteille à la forme unique, ou encore parce qu’elle se fait de plus en plus rare… Son nom même provoque des débats enflammés : doit-on dire « un Orval » ou « une Orval » ? Aujourd’hui on fait le point sur tout ce qu’il faut savoir sur la bière Orval, en 10 points-clefs à retenir ! C’est parti !
1 La légende d'Orval
La bière Orval n’existerait pas si la fondation de l’abbaye n’avait pas eu lieu. C’est évident mais il faut le dire ! Or selon la légende, l’abbaye d’Orval fut construite à la suite d’un événement bien particulier…
Nous sommes en Belgique au XIe siècle, et Mathilde est une comtesse de Toscane. C’est aussi la tante de Godefroy de Bouillon, le célèbre chevalier.
Mathilde donc, au cours d’une ballade (d’autres parlent d’une chasse), vient boire au bord d’un ruisseau. Par inadvertance, elle fait tomber son alliance dans l’eau. Or cette bague était le seul souvenir qui lui restait de son défunt mari. Toute chagrinée, elle invoque alors la Vierge en aide.
Soudain, une truite jaillit de l’eau, tenant dans sa bouche le précieux anneau. Mathilde saisit l’anneau en s’écriant : “Vraiment, c’est ici un val d’or” ! Cet événement a eu 3 effets :
- Pour remercier la Vierge, Mathilde a alors voulu qu’on fonde sur ce « val d’or » une abbaye… qui s’appellera Orval !
- En souvenir de cet épisode, la source d’eau (avec laquelle est brassée la bière Orval) fut rebaptisée « Mathilde ». Tout simplement !
- Le logo de l’abbaye d’Orval est une truite tenant dans sa bouche un anneau. On le trouve partout : sur les vitraux, sur les portes, dans la brasserie, et même sur l’étiquette de la bière Orval !
Si l’Orval existe aujourd’hui, c’est donc aussi un peu grâce… à la Vierge !
Le vitrail dans la salle de brassage de l’abbaye représente l’épisode de la légende d’Orval, où l’on voit notamment à gauche le poisson tenant l’anneau dans sa bouche – Divine Box
2 La forme de la bouteille est unique au monde
La bière Orval a une forme arrondie et inimitée bien particulière. Elle est en effet en forme de quille. Selon certains, ses formes rondes seraient là pour évoquer la volupté et la fertilité…
En réalité, le but ne serait pas seulement esthétique (même si on avoue être assez fana de ses courbes) mais essentiellement pratique. Cette forme permet en effet à la bouteille de résister confortablement à la forte pression de la bière qu’elle contient ! Car la pression de la bière Orval est deux fois plus importante que les bières blondes traditionnelles ! Ça leur met la pression non ?
La forme en quille de la bière Orval est unique au monde, et avait été pensée pour résister à la pression de la bière exercée sur la bouteille – Crédit Photo : @frederick_oostduinkerke (Instagram)
3 La bière Orval possède une petite soeur encore plus rare
La bière Orval est l’unique bière produite par l’abbaye et disponible dans le commerce. Mais les moines en brassent une autre : il s’agit de « l’Orval vert » ! Il tire son nom de la couleur de ses toutes premières bouteilles. On l’appelle également le « petit Orval » à cause de son titrage moins élevé (4,5 % vol.).
Sa toute première recette était la même que l’Orval, elle contenait simplement plus d’eau afin qu’elle soit moins forte. Désormais, l’Orval vert possède sa recette en propre, mais son titrage est resté volontairement plus léger, car elle reste avant tout destinée aux moines.
Si cette petite soeur est encore plus rare, c’est parce qu’elle n’est produite que pour les moines de l’abbaye et les retraitants. Pour les petits connaisseurs, on peut aussi la trouver en exclusivité « au fût » à l’auberge de l’abbaye. Mais chuuut, il ne faudrait pas que tout le monde le sache !
L’Orval vert, la petite soeur de la bière Orval, est disponible uniquement au réfectoire des moines, à l’hôtellerie et à l’auberge de l’abbaye – Divine Box
4 Une authentique bière trappiste
La bière Orval fait partie du cercle très restreint des bières trappistes. Elle arbore donc sur son étiquette le précieux logo « Authentic Trappist Product ». Qu’est-ce que cela signifie exactement ? Ce label garantit trois choses :
1. La bière est brassée au sein de l’abbaye
La première condition pour obtenir le logo « Authentic Trappist Product » est que la bière soit brassée au sein même de l’abbaye. C’est bien le cas à l’abbaye d’Orval, et la brasserie y a même été construite pour se trouver juste à côté de la source d’eau « Mathilde », et pour utiliser son eau pure !
2. La bière est brassée par les moines ou sous leur strict contrôle
La deuxième condition pour obtenir le logo « Authentic Trappist Product » est que la bière soit brassée directement par les moines trappistes eux-mêmes, ou, si le nombre de moines ne le permet pas, sous leur strict contrôle.
À l’abbaye d’Orval, les moines sont trop peu nombreux pour assurer eux-mêmes toutes les étapes du brassage de leur bière. Ils embauchent donc des employés pour les aider, tout en gardant un contrôle permanent sur la recette, les différentes étapes de production, le contrôle de la qualité, les volumes de production, le nombre d’employés.…
3. Les bénéfices sont consacrés à la vie des moines, et les excédents reversés à des œuvres à caractère social
La troisième et dernière condition pour obtenir le logo « Authentic Trappist Product » est que la brasserie doit reverser directement à l’abbaye les bénéfices gagnés par la vente de la bière. Et ce, afin de permettre aux moines de subvenir à leurs besoins. En cas d’excédents, ceux-ci doivent être reversés à d’autres abbayes dans le besoin ou à des oeuvres caritatives.
À l’abbaye d’Orval, le brassage de la bière fut dès ses débuts (1932) le moyen de financer la reconstruction des bâtiments et leur entretien. Aujourd’hui, le succès de leur bière trappiste est tel que moins de la moitié des bénéfices sert encore à cette fin. Le reste est reversé à des œuvres caritatives. Plutôt sympa non ?
Le logo « Authentic Trappist Product » présent sur la bouteille garantit, entre autres, que la bière est bien brassée au sein de l’abbaye, et sous le contrôle de ses moines – Divine Box
5 Une bière de plus en plus rarrisime
La bière Orval est une denrée rare. Par exemple, les cafés et les commerces ne l’ont plus à disposition de manière constante. Et ce phénomène risque de devenir de plus en plus courant dans les années à venir ! Pourquoi donc ? On vous explique le pourquoi du comment :
1. Une production limitée par respect de la tradition
Si la bière Orval est une perle rare, c’est parce qu’elle cherche à respecter la tradition trappiste.
- Ainsi, comme nous l’avons vu, la bière doit être brassée au sein de l’abbaye. Or l’espace y est limité, et la clôture du monastère (et donc les murs de la brasserie) ne sont pas extensibles à l’infini ! Et cela, quelque soit la demande ! Puisque la place est limitée, alors la production est limitée, c’est aussi simple que cela !
- Un autre engagement des moines trappistes consiste à ne pas produire plus que ce dont ils ont besoin pour vivre, nous l’avons vu. Et s’ils ont du surplus, ils le reversent à des oeuvres de charité. Or les moines reversent déjà plus de la moitié de leurs bénéfices à des associations caritatives ! Signe que la production actuelle d’Orval leur suffit déjà largement pour vivre. Ils n’ont donc aucune raison de l’augmenter !
À cause de ces contraintes, la production annuelle est donc déjà très proche de la limite de ses capacités !
2. Une demande plus importante que la production
La production de la bière Orval étant limitée, il ne s’en produit qu’environ 78 000 hl par an. Or cette quantité se trouve insuffisante pour satisfaire la très grande demande des amateurs, puisque l’on constate partout dans les points de venté des pénuries. Ce phénomène semble même être devenu un véritable sujet de société, puisque de nombreux journaux belges l’évoquent régulièrement !
La demande de bière Orval a même augmenté de 70% ces dernières années, c’est pourquoi ce phénomène de rareté s’est accentué, et risque de continuer encore à l’avenir !
3. La rareté entretient la rareté
Enfin, si la pénurie de la bière Orval s’accentue, c’est aussi par un effet boule de neige. C’est-à-dire que sa raréfaction crée et augmente le désir de s’en procurer. En que fait alors l’amateur d’Orval lorsqu’il croise le bien tant convoité ?
Comme en tant de guerre, lorsque certains aliments précieux se font rares, il multiplie ses achats, rendant le produit encore un peu plus difficile à trouver ! Heureux d’avoir le privilège d’en trouver, il en prend souvent par précaution plus que nécessaire ! Ainsi, la rareté de la bière Orval entretient le désir de la bière Orval , et donc sa rareté !
Ci-dessus, les cuves en cuivre de la brasserie d’Orval, où la bière Orval est produite en quantité limitée, malgré la hausse constante de la demande – Divine Box
6 On dit un "Orval" et des "Orvaux"
Puisque le débat sur ce sujet est souvent passionné entre les amateurs, précisons que ce qui suit ci-dessous n’est pas en usage dans la majorité de la francophonie, mais reprend les usages des Gaumais, habitants de la Gaume, région de la Belgique où est produite la bière Orval.
1. Pourquoi les locaux disent-ils « un Orval » et non « une Orval » ?
Dans la majorité de la francophonie, on pense qu’il faut dire « une Orval » car cette expression est la contraction d’« une bière Orval ». De même que l’on dit « une Chimay » pour signifier « une bière de Chimay », il faudrait donc dire « une Orval ».
À l’opposé de cette théorie, les Gaumais c’est-à-dire les habitants de la Gaume, région de la Belgique où est produite l’Orval, disent « un Orval ». La raison ? La légende d’Orval nous apprend que Mathilde s’est exclamée « Vraiment c’est ici un Val d’Or », après avoir retrouvé son anneau dans la bouche de la truite. Par la suite, toujours d’après la légende, l’appellation « Val d’Or » aurait donc donné le nom local « Orval ». « Orval » signifie donc « Val d’Or ». Or l’on dit bien un Val d’Or. On doit donc dire, pour être correct, un Orval ! D’ailleurs, n’appelle-t-on pas sa petite soeur « l’Orval vert », et non « l’Orval verte » ?
Pour les soutenir, les habitants locaux peuvent aussi compter sur Le Dictionnaire des belgicismes (2e édition de 2010) qui stipule que « Orval est féminin dans la majeure partie de la Belgique francophone, mais est un nom masculin dans sa région de production. » !
Les brasseurs de l’Orval eux-mêmes semblent préférer cette interprétation, puisqu’ils disent eux-même que « Servir un Orval est tout un art. » Comme ça, c’est officiel : si vous voulez dire le diminutif d’« une bière Orval », préférez le féminin. Et si vous êtes un puriste, utilisez le masculin !
2. Pourquoi les locaux disent-ils « des Orvaux » et non « des Orval » ?
Dans la majorité de la francophonie, on pense que l’on doit dire « des Orval » car « Orval » est un nom propre. Il est donc invariable. Comme un nom de famille ou de marque, quoi.
En revanche, les Gaumais (oui, toujours les mêmes !) disent « des Orvaux ». La raison ? Lorsqu’il est donné à une production typique locale, un nom propre d’origine géographique devient un nom commun (un brie, un saint-nectaire…). Les règles classiques du pluriel s’appliquent donc. Sur ce point, les Gaumais peuvent compter sur l’appui de Maurice Grevisse et son dictionnaire du Bon Usage (15e édition de 2011). Ainsi, puisqu’Orval désigne à l’origine un lieu (celui d’une abbaye), il est un nom commun. Au même titre que le mot « cheval », par exemple. Selon les Gaumais, on doit donc dire « des Orvaux » !
Et voilà, vous savez tout !
La bière Orval se dit « un Orval » au singulier, et « des Orvaux » au pluriel pour les puristes – Divine Box
7 Ses ingrédients sont uniques !
Depuis 1932, la bière Orval doit son goût incomparable à la qualité de son eau, de ses houblons et de ses levures.
1. Une eau unique en son genre
L’eau que les moines utilisent dans leur brasserie pour leurs bières provient directement de la source de l’abbaye, la source Mathilde. Oui oui, c’est bien celle de la légende, que la Vierge aurait bénie ! Alors que demander de plus !
2. Un houblon très spécial
La bière Orval s’appuie sur des variétés spécifiques de houblons. En effet, les moines utilisent des houblons venus d’Allemagne et de Yougoslavie. Pourquoi ? Parce que Pappenheimer, le tout premier maître-brasseur d’Orval (et inventeur de la recette !) était originaire de Bavière. Il a donc importé ses ingrédients de chez lui !
Il avait également été formé à la méthode anglaise de houblonnage à cru. C’est donc un savant mélange de savoir-faire allemand, yougoslave et anglais qui procure au houblon de l’Orval sa diversité d’arômes, tout en maintenant son niveau d’amertume. Bref, une riche association !
3. Une levure bien particulière
Les levures permettent au sucre de se transformer en alcool (et en CO2) pendant la fermentation. Elles sont donc un élément essentiel de la recette. Or la bière Orval utilise depuis le début, en plus de variétés classiques, une variété de levure bien particulière : les Brettanomyces !
Les souches de cette levure sont aujourd’hui toujours conservées avec le plus grand soin au laboratoire de la brasserie d’Orval. Pourquoi sont-elles si spéciales ? Parce qu’elles permettent d’apporter un goût acide à la bière, sans avoir besoin d’utiliser des bactéries, ou sans avoir besoin de les faire vieillir longtemps.
Il faut dire aussi qu’au départ, cette variété de levure était plutôt rare ! Peu de brasseries l’utilisaient. Mais face à son succès, elles sont de plus en plus nombreuses à tenter de s’en approprier quelques souches…
La source Mathilde, dont l’eau sert pour le brassage de la bière Orval, est située au sein de l’abbaye – Divine Box
8 L'une des meilleures bières du monde
La Revue du Vin de France, quant à elle, lui donne la prestigieuse note de… 19/20 ! Et Belgibeer la classe en deuxième position dans le classement des bières trappistes. Et l’on pourrait encore dérouler la liste…
Aujourd’hui, la bière Orval est célèbre dans le monde entier, et rivalise avec les plus grandes bières – Crédit Photo : @orval_beer_love (Instagram)
9 Une bière qui se déguste presque à température ambiante
Les moines conseillent de conserver la bière Orval à l’abri de la lumière, et à une température comprise entre 12 et 14°C. C’est aussi à cette température qu’ils conseillent de la déguster !
En effet, la bière Orval titre à 6,2% vol., ce qui en fait une bière plutôt légère parmi le monde des bières trappistes. Un Orval jeune est un bouquet de houblon frais, avec une note fruitée et une amertume prononcée. Pour profiter au mieux de ses arômes de pain grillé, d’épices (coriandre) et d’agrumes (orange, citron), les frères recommandent donc de la servir entre 12 et 14°C.
Et pour la petite histoire, ils conseillent aussi de déguster la lie, c’est-à-dire le résidu de levures mortes déposé au fond de la bouteille, séparément.
La bière Orval peut très bien se vieillir en cave et se bonifie avec le temps, comme un grand cru – Divine Box
10 Une bière qui se bonifie avec le temps
Grâce à sa levure de la variété des Brettanomyces, la bière Orval peut se conserver pendant plusieurs années dans une cave. Oui oui, comme les grands vins ! Puisqu’elles se bonifie en vieillissant, la bière Orval est donc de ce point de vue assez particulière parmi les bières, et même au sein des bières trappistes. Elle est ainsi souvent comparée aux grands crus par les spécialistes. L’étiquette de la bouteille permet de connaître la date d’embouteillage et la date recommandée de consommation optimale.
Ainsi, un Orval de six mois ou plus aura tendance à présenter un mélange d’odeurs de levure et de houblon suranné. L’amertume sera plus diffuse et le goût aura évolué vers une subtile touche d’acidité, accompagnant des saveurs de caramel, de levure et des notes madérisées.
Une, deux ou trois années de vieillissement en cave sont souvent conseillés par les amateurs de la bière Orval. Certains puristes poussent même le vice jusqu’à attendre cinq ans après la mise en bouteille ! Mais vous, tiendrez-vous autant de temps ?
Source : divinebox.fr
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