jeudi 27 février 2014

Halte aux préjugés !

( publié en septembre 2010 )




1. Une cape sombre = un cigare fort

Au chapitre des idées reçues, la plus tenace d’entre-elles est celle qui consiste à prétendre qu’un cigare habillé d’une cape sombre est nécessairement un puro fort ! Cet a priori laisserait supposer que c’est la cape qui fait le cigare, or elle n’intervient que pour 5 à 7 % dans le goût de la vitole. C’est naturellement la tripe qui signifie la force et la puissance d’un cigare.



2. Les belles capes sont l’apanage des grands havanes

Il va de soi que les manufactures des Caraïbes veillent à ce que les capes soient irréprochables. Cependant, toutes les nuances en termes de couleurs sont possibles et ne présagent en rien de la qualité du puro. Selon le proverbe français, l’habit ne fait pas le moine. Donc, on ne saurait prendre pour préalable une belle cape pour s’assurer d’un parfait cigare. Toutefois, on peut rappeler ici que les feuilles les plus sombres sont celles qui ont été les plus exposées au soleil et offrent la plus grande concentration aromatique.



3. Ôter la bague avant l’allumage

Certains fumeurs croient indispensable d’enlever la bague du cigare avant de se livrer à leur plaisir favori au motif suivant : cette bande de papier pourrait gâcher ledit plaisir lors du…troisième tiers. En réalité, cette idée reçue ne repose sur aucun élément tangible. Au contraire, vouloir ôter préalablement la bague avant que le cigare ne soit « chaud » peut provoquer une altération de la cape. En revanche, quand le puro devient un véritable objet de combustion, il est plus aisé dans la phase ultime de fumage d’ôter la bague. On l’aura compris, en la matière, aucune règle ne prévaut.



4. Couper son cigare avec les dents

D’aucuns n’hésitent pas à couper leur cigare avec leurs dents (façon cow-boy), voire leurs ongles. Libre à eux ! Mais une fois sur deux, l’incision est aléatoire et la cape est souvent altérée. De plus, en bouche, vous avez sur les lèvres des résidus filandreux qui dénaturent passablement le plaisir de la dégustation. User d’une guillotine paraît nettement plus judicieux.



5. Chauffer son cigare préalablement

Nombre d’aficionados prennent soin préalablement de chauffer avec leur chalumeau ou leur briquet le cigare de pied en cap, histoire de « conditionner » leur puro avant de l’allumer. Cette technique contribue à accroître le cérémonial de l’allumage sans toutefois garantir une combustion meilleure. Inutile de préciser que les fumeurs flambeurs y ont souvent recours !



6. Tremper son cigare dans une eau-de-vie

Une tradition d’origine hispanique veut qu’il soit bon ton de tremper son cigare dans un alcool fort , type armagnac ou cognac, avant même de l’allumer afin d’enrichir la palette aromatique de la vitole lors de sa dégustation. Homme du « Sud », le regretté Nino Ferrer était un adepte de cette pratique ! Toutefois, on ne saurait trop la recommander auprès des puristes car, indéniablement, l’alcool fort neutralise les arômes intrinsèques du cigare. Un exercice à tester quand on est en présence d’un cigare sans grand caractère.



7. N’utilisez que des allumettes

Pour allumer son havane, mieux vaut en effet avoir recours aux allumettes, de préférences les longues faites en cèdre. Toutefois, le briquet à gaz est un accessoire très efficace. En revanche, il convient de ne pas utiliser un briquet à essence car il dénaturerait singulièrement le goût de votre module. Quand au chalumeau, il s’agit d’un instrument précieux et très adapté à l’allumage de tout cigare. Encore faut-il savoir parfaitement maîtriser la puissance de sa flamme. On prendra soin de placer cette dernière à un centimètre du pied et l’on fera pivoter le cigare afin d’avoir une mise à feu homogène.



8. Quand un cigare craque…

Le toucher est une phase déterminante pour apprécier un bon cigare. Si celui-ci est à la fois compact et souple, on n’hésitera pas. Il est parfait. En revanche, si le puro accuse des craquements, cela signifie un défaut manifeste de roulage ou une réhumidification pas aboutie. A bannir !



9. Il n’y a pas d’heure pour un cigare

D’aucuns, parmi les amateurs, vous diront qu’il n’y a pas d’heure pour fumer le cigare. Certes, on peut fumer quand on veut, dans son lit comme dans son bain, mais en fonction des différents moments de la journée, on se doit de varier les plaisirs. Car il y a des cigares dits « de dégustation » et ceux qu’un ami suisse appelle « de compagnie ». On n’attend pas la même chose de l’un que de l’autre. L’amateur éclairé, le matin, optera pour un cigare riche et gras car le palais est particulièrement réceptif à toutes subtilités aromatiques alors que le cigare d’accompagnement recommandé sera frais et léger, voire un peu épicé.

Après le déjeuner, l’amateur se réservera un cigare boisé ou terreux alors que le fumeur occasionnel se satisfera d’un cigare tout en rondeur. En soirée, l’accro du havane ira vers des vitoles puissantes aux arômes de miel ou de pain d’épices alors que son compagnon, en cours d’initiation, passera progressivement du dominicain au cubain…



10. Un cigare…poussiéreux !

On dit souvent d’un cigare qu’il est « poussiéreux » au niveau de ses arômes. N’allez pas croire que c’est une odeur ou un goût de poussière qui l’habite. Non, il s’agit d’un parfum qui traduit un tabac généralement jeune avec un goût âpre, passablement astringent.



11. Le cigare se bonifie avec le temps

On fait souvent un parallèle entre le cigare et le vin tant il est vrai que ce sont le climat, le terroir et la fermentation qui, chez ces deux produits, prévalent. Or, il est vrai que nombre de vins méritent d’être conservés tant ils se bonifient avec l’âge. Peut-on en dire autant des cigares ? Les spécialistes ont des avis assez divergents. Au-delà de cinq à sept ans, une majorité d’entre eux prétendent que le tabac n’évolue guère. D’autres continuent de penser que les vitoles parfaitement « conservées » gagnent en rondeur et génèrent des flaveurs nouvelles. C’est particulièrement significatif quand on entreprend au fumage le troisième tiers qui libère souvent des notes de cuir ou de gras. L’art du vintage était jusqu‘alors cultivé qu’en Angleterre. Peu à peu, il se développe en Europe et donne désormais lieu à quelques boîtes « Séries limitées » vendues à prix d’or. A noter enfin que, désormais, certains cigares sont millésimés.





Source : « Cigares Spirits & Co » n°30

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